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Mes croyances en évaluation

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L'évaluation est toujours une tâche de l'enseignement qui me fait peur. J'ai peur de ne pas évaluer correctement mes élèves. C'est encore un grand défi pour moi de comprendre toutes les compétences, les bulletins, le niveau de mes élèves, etc. Je suis encore très jeune dans la profession et je sais qu'avec le temps, l'évaluation deviendra une tâche plus facile. Pour le moment, je redoute encore les moments de corriger des CD1 en mathématiques. Elles m'effraient. Il y a tellement de critères à prendre en considération et de termes qui me sont flous. Dans le cadre du cours, FPE4511 (évaluation des apprentissages au primaire), je devais faire une réflexion sur mes croyances en évaluation. Ce cours m'a permis d'en apprendre plus sur l'évaluation et tout ce qu'elle comprend. Je laisse cette réflexion ici, car elle représente très bien mes conceptions de l'évaluation. 

Introduction :

Dans le cours FPE4511, je m’attends à éclaircir ma conception de l’évaluation en classe primaire en me familiarisant avec le programme de formation, la progression des apprentissages et divers modèles d’enseignement. 

1.     Mes croyances au sujet de l’évaluation

a) Pourquoi évaluer les apprentissages de mes élèves?

Avec le peu de connaissances que j’ai jusqu’à présent concernant l’évaluation, je crois qu’elle permet à l’enseignant d’observer la progression de ses élèves et la mise en application des concepts et des notions théoriques enseignées en classe. Lors de l’évaluation, l’élève met toutes ses connaissances en pratique afin de démontrer sa compréhension et sa compétence dans une matière en particulier. Puis, je crois que l’évaluation peut se faire sous différentes formes : examen régulier (choix de réponses, questions à court développement ou à long développement) ou de façon plus pratique comme des mises en situation ou des projets concrets. 

b) Qu’est-ce que je dois évaluer?

En tant que future enseignante, je crois que nous devons évaluer en fonction des compétences présentes dans le programme de formation. Comme l’une des missions de l’école est de former des citoyens responsables, je dois concevoir des évaluations qui portent sur les différents domaines d’apprentissages (langues, mathématiques, sciences et technologie, etc.) Dans l’évaluation, j’observe les connaissances acquises par l’élève sur une matière en particulier (présente dans la progression des apprentissages). Par exemple, je peux évaluer les fractions équivalentes à partir d’un examen qui présente une situation problème. En corrigeant cet examen, je pourrai évaluer si l’élève maitrise la notion et je serai capable de revenir sur les points qui ont été incompris par la suite.  

c) Quand dois-je évaluer les apprentissages de mes élèves? Pourquoi?

Je crois qu’il est important d’évaluer les apprentissages de mes élèves à plusieurs reprises sur une même notion. Pour ce faire, je peux utiliser des examens formatifs (qui ne «compte» pas). De cette façon, les élèves pourront avoir plus de temps pour se familiariser avec la matière et ainsi être mieux préparés lors d’un examen sommatif. Selon moi, il est important d’évaluer les élèves dans des contextes différents comme sous forme d’entrevue de lecture, de l’observation, de mise en situation, de travaux d’équipe et de projets de plus grande envergure. 

d) Qu’est-ce que je fais de l’évaluation des apprentissages de mes élèves? À quoi cela sert-il?

Comme mentionnée dans la question A, l’évaluation sert à évaluer la compréhension des élèves dans différentes notions, mais je crois qu’elle sert à plus que cela. En effet, je crois que l’évaluation est un outil pour l’enseignant afin d’améliorer sa pratique. Avec l’évaluation, l’enseignant peut s’adapter et s’ajuster en percevant ce qui a été compris ou incompris par les élèves. Par exemple, l’enseignant corrige un examen sur les fractions et remarque que les résultats sont très faibles. Il peut se questionner quant à pourquoi ces résultats sont si faibles. Est-ce qu’il devrait utiliser une approche différente pour les fractions? Devrait-il utiliser du matériel concret pour l’enseigner? Définitivement, l’enseignant sait qu’il doit réviser son enseignement des fractions. 

2.     Ma conception de l’évaluation

Après deux années d’études, j’ai fini par me faire une compréhension personnelle de l’évaluation des apprentissages. Pour moi, évaluer c’est de demander à l’élève de mettre à profit toutes ses connaissances dans le but d’arriver à une production finale qui démontre sa compréhension en la matière. De mon point de vue, l’évaluation ne doit pas servir à donner des notes et classer les élèves dans des catégories : «élèves forts», «élèves moyens» et «élèves faibles». Je crois que l’évaluation sert à beaucoup plus que la note finale. Elle sert à voir la progression et l’évolution de l’élève au fil de l’année. Elle permet aussi à l’enseignant de s’ajuster et de rectifier le tir si l’élève n’a pas compris la première fois. 

3.     Je situe mes croyances et ma conception de l’évaluation dans un paradigme

(a)   Dans quel paradigme s’inscrivent mes croyances et ma conception de l’évaluation?

À la suite du deuxième cours de FPE4511, je suis en mesure de dire que mes croyances et ma conception de l’évaluation s’inscrivent dans le paradigme de l’apprentissage. En effet, je vois l’enseignant comme un accompagnateur et un guide pour l’élève. Il détient la réussite de tous ses élèves à cœur. Pour favoriser cette réussite, il diversifie sa pédagogie (travail d’équipe, tutorat par les pairs, dialogue, projet à long terme, pièce de théâtre, examen formatif, observation, etc.)

 

(b)  Quels sont les fondements de ce paradigme au plan de l’apprentissage (expliquer les théories de l’apprentissage)? 

Le paradigme de l’apprentissage est basé sur le courant constructiviste, socioconstructiviste et cognitiviste. À l’opposé du béhaviorisme (l’apprentissage associé au conditionnement répondant), on reconnait désormais que l’enfant construit ses connaissances à partir d’éléments antérieurs. Ses connaissances sont donc constamment en construction, et ce avec les autres (socioconstructivisme). Nous sommes loin du béhaviorisme où l’on croyait que l’enfant apprenait par cœur, sans pousser sa réflexion, et qu’il devait être corrigé systématiquement en cas d’erreur (conditionnement répondant). Le paradigme de l’apprentissage s’inscrit aussi dans la théorie du cognitivisme, car l’élève est amené à pousser sa réflexion plus loin, à traiter l’information, à l’intégrer puis à l’appliquer. Une importance est portée aux différents savoirs : savoirs, savoir-faire, savoir-être. Avec ce paradigme, on croit que le programme ne doit plus être basé sur les contenus et les objectifs (paradigme de l’enseignement), mais plutôt sur les compétences (PFEQ). Une multitude de compétences touchant différents domaines d’apprentissages permet à l’élève de développer toutes les sphères de sa personnalité et de toucher un peu à tout. De plus, le programme est basé sur la formation en cycles et non pas annuelle (paradigme de l’enseignement) offrant la possibilité d’intégrer les notions en deux années plutôt qu’une. 

(c)   Quel est le lien entre des aspects précis de ces croyances et conception de l’évaluation et des caractéristiques du paradigme considéré? 

Grâce au cours FPE4511, j’ai appris beaucoup sur les différentes théories qui ont été marqué l’enseignement au Québec, c’est donc à partir de mes connaissances acquises dans le cours que je suis en mesure de répondre à cette question. Avec la théorie du socioconstructivisme selon laquelle les connaissances se construisent en relation avec les autres, on peut faire le lien avec la caractéristique du paradigme de l’apprentissage qui décrit l’enseignant comme un médiateur ou un guide. En effet, l’enseignant favorise une relation horizontale où il ne se considère pas comme étant l’expert, mais plutôt comme médiateur qui initie le travail en équipe et la construction de connaissances avec les pairs. L’enseignant orchestre le partage de connaissances favorisant ainsi le conflit sociocognitif (élément caractérisant du courant socioconstructivisme) et permet à l’élève de confronter son savoir à celui de ses pairs. Cela fait aussi un lien avec la théorie du cognitivisme, on peut dire que l’enseignant encourage l’élève à être actif dans ses apprentissages : production de textes, d’affiches, de maquettes, de pièce de théâtre, etc.  Il enseigne désormais les ressources permettant d’accéder à la connaissance (traitement de l’information) et non pas seulement la connaissance en elle-même.  

4.     Je fais la critique des manières d’évaluer d’un enseignant-évaluateur(le modèle que je n’aime pas)

(a)  Présentation du modèle : Quel est le modèle d’enseignant-évaluateur que je critique?

J’ai choisi le modèle d’enseignant-évaluateur de Fred que nous avons vu en classe à la troisième étude de cas.

(b)  Qu’est-ce que cet enseignant-évaluateur a fait?

Fred a donné un cours magistral en délivrant ses connaissances à la classe. Il pose une question et il attend d’obtenir la bonne réponse à sa question avant de poursuivre la leçon. À la fin de sa leçon, un élève lui pose une question, il clarifie et il sent qu’il a accompli son devoir. De plus,  il croit fortement avoir fait de l’évaluation formative en répondant à la question de son élève.

(c)   Pourquoi je suis contre la pratique d’évaluation de cet enseignant-évaluateur ? 

D’abord, je suis contre la pratique d’évaluation de Fred, car je ne trouve pas qu’elle reflète une évaluation juste de tous les élèves de sa classe. En fait, je ne crois pas qu’il s’agit d’une évaluation, puisqu’il a recueilli les propos d’un seul élève. Cela ne peut pas refléter la compréhension de l’entièreté du groupe. De plus, Fred n’a jamais suscité le questionnement, la réflexion ou le dialogue chez ses élèves. Dans cette situation, c’est un élève courageux qui a posé une question et Fred y a simplement répondu. Toutefois, je crois en effet que le questionnement oral peut être une forme d’évaluation formative, mais ici ce ne l’est pas selon moi. Fred a posé une question en vue d’obtenir une bonne réponse d’un élève pour ensuite enchainer avec la matière. Il ne cherchait pas à observer le niveau de maitrise et de compréhension du sujet ou de pousser la réflexion de ceux-ci. 

(d)  Quel(s) concept(s) ou valeurs de l’évaluation appuie(nt) ma critique de la pratique d’évaluation de cet enseignant ? Expliquez en quelques lignes ce suggère la prise en considération des concept(s) ou valeur(s) évoqué(s) dans ma critique.

Pour moi, il ne s’agit pas d’une bonne évaluation formative, car Fred n’a pas planifié sa leçon en fonction de poser des questions en grand groupe et favoriser le dialogue et la prise de parole des élèves. Il a simplement posé une question et a attendu la bonne réponse d’un seul élève. Pour réellement faire de l’évaluation formative interactive (comme Fred croit avoir fait en utilisant le questionnement oral), on doit permettre les interactions dans la classe pour favoriser l’apprentissage.[3] En effet, il est bien important d’avoir un climat de classe qui favorise les échanges, alors que dans le cas de Fred les élèves ne voulaient pas participer par peur de se tromper. De plus, je crois qu’on ne peut pas se fier à la réussite d’un seul élève (ayant eu la bonne réponse à la question) pour savoir si le groupe en entier a compris la leçon. Dans les lectures du cours, j’ai trouvé un passage très intéressant dans le texte de Marie-Françoise Legendre : « Ce n’est pas parce qu’on enseigne que les élèves apprennent, c’est plutôt parce que l’apprentissage est un processus complexe, de nature à la fois cognitive, sociale et affective, qu’il nécessite des pratiques d’enseignement particulières, adaptées à la nature même des processus qu’elles sollicitent. »[4]  Ici, ce que je trouve intéressant c’est que l’auteur suggère de faire travailler les élèves selon les processus suscités par l’apprentissage (cognitif, social, affectif). Donc, pour Fred, les élèves auraient bénéficié de réfléchir à partir d’un dialogue en sous-groupe pour répondre à sa question posée au début de la leçon. Ensuite, Scallon affirme que l’on doit tenir compte de la motivation des élèves à réussir lorsqu’il participe à une leçon ou à un projet. Il mentionne l’importance de proposer des activités qui assurent la réussite de tous.[5] Si on analyse le cas de Fred en considérant les propos de Scallon, je dirais que cet enseignant n’a pas pris en considération la réussite de tous en se fiant seulement à l’élève qui dit la bonne réponse ou qui semble avoir compris suite à son explication. Il a généralisé la compréhension de ses élèves à partir de celui ayant donné la bonne réponse. 

5.     Je présente mon modèle d’enseignant-évaluateur (le modèle que j’aime)

(a)  Présentation du modèle : Quel est le modèle d’enseignant-évaluateur que je préfère?

Le modèle d’enseignant-évaluateur que je préfère est celui du «chouette enseignant».

 

(b)  Qu’est-ce que cet enseignant-évaluateur a fait?

Cet enseignant joue un rôle de motivateur en faisant le récit captivant d’histoires du passé. Les élèves ont de la facilité à retenir les faits et les personnages marquants de l’histoire grâce aux différentes mises en scène de l’enseignant et des élèves en guise d’introduction à la nouvelle matière. De plus, les synthèses proposées par l’enseignant permettent aux élèves de consolider leurs apprentissages. Il y a aussi chaque mois des situations problèmes où la production finale des élèves peut se retrouver dans un «magazine» présentant des articles sur l’histoire. Cela est un motivateur pour l’élève, car il sent que son travail sert véritablement à quelque chose et qu’il sera reconnu.

(c)   Pourquoi j’aime la pratique d’évaluation de cet enseignant-évaluateur ? 

J’aime beaucoup la pratique d’évaluation de cet enseignant, car il diversifie ses moyens d’évaluations. En effet, par la variété des travaux demandés et l’originalité de ceux-ci, les élèves  mettent à profit toutes les connaissances acquises en créant une production finale pertinente. Ici, il ne s’agit pas d’une évaluation de «par-cœur», mais bien de faire des liens entre les évènements, les personnages marquants et les lieux importants pour être capable de faire une synthèse et d’établir des relations de cause à effet. Puis, j’apprécie le fait que l’enseignant permet de construire les connaissances des élèves en relation avec les autres. On voit que cet enseignant est passionné par son travail et sa passion se dégage même chez ses élèves. 

(d)  Quel(s) concept(s) ou valeurs de l’évaluation appuie(nt) mon choix de la pratique d’évaluation de cet enseignant ? Expliquez en quelques lignes ce suggère la prise en considération des concept(s) ou valeur(s) évoqué(s) pour justifier le choix de cet enseignant-évaluateur comme modèle inspirant. 

Selon moi, le «chouette enseignant» a une pratique d’évaluation qui est totalement en lien avec mes valeurs pédagogiques. Je crois que tous les enseignants devraient s’inspirer de ce modèle d’enseignant-évaluateur dans leur pratique enseignante. D’abord, je crois que l’enseignant valorise le travail d’équipe, puisqu’il permet aux élèves de faire les contrôles de synthèses à plusieurs. Les travaux proposés par cet enseignant ressemblent bien à ce que propose la théorie cognitiviste en lien avec la compétence : « la compétence est un état, une capacité́ à agir, et non une action particulière. Cet état est lié à une structure de connaissances conceptuelles et méthodologiques ainsi qu’à des attitudes et à des valeurs qui permettent à la personne de porter des jugements et de faire des gestes adaptés à des situations complexes et variées.»[6] Ce passage de Roland (1999) explique bien en quoi l’élève devient compétent en construisant ses connaissances dans des situations variées comme le propose le «chouette enseignant». Puis, je crois que cet enseignant est un véritable agent de motivation pour ses élèves. Dans le cours, nous avons vu l’importance du rôle de l’enseignant dans le paradigme de l’apprentissage. L’enseignant doit organiser son enseignement de façon à offrir des situations stimulantes et suscitant l’intérêt de tous.[7] Ces situations d’évaluations demandent à l’élève de mobiliser toutes ses connaissances (contrôles de synthèse et situation problème) et de développer sa compétence: « On vérifie donc si l’élevé sait mobiliser, dans l’action, un ensemble de ressources dans des situations diversifiées.»[8] Enfin, je crois que l’évaluation des apprentissages de cet enseignant favorise réellement la progression de ses élèves en collectant les forces et les faiblesses de ceux-ci dans le but de tous les mener vers la réussite. Ses évaluations (contrôle de synthèses ou la situation problème) demandent à l’élève de réfléchir et construire sa pensée au contraire d’apprendre des informations par cœur et de les délivrer sur un papier. Je crois que cet enseignant répond tout à fait aux exigences du Programme de formation de l’école québécoise selon lesquelles : « Un parcours scolaire réussi devrait faire en sorte que les connaissances acquises par l’élève lui servent à comprendre le monde dans lequel il évolue et le guident dans ses actions. » En effet, les évaluations des élèves de la classe du «chouette enseignant» permettent certainement de remplir cette exigence de programme, car on cherche à leur faire apprendre des connaissances, à synthétiser leurs idées et à analyser une situation problème. Bref,  le cas « un chouette enseignant » m’inspire beaucoup en tant qu’enseignante et me donne des idées sur l’évaluation de mes futurs élèves en histoire.

 

Références citées

JALBERT, Pierrette et Joanne MUNN (sept-oct 2001). L’évaluation d’hier et celle de demain in Vie Pédagogique, Québec, n° 120, p. 48-51.

 

LEGENDRE, Marie-Françoise (2001). Favoriser l’émergence de changements en matière d’évaluation des apprentissages in Vie Pédagogique, Québec, n° 120, p. 15-19.

 

LOUIS, Roland (1999). L’évaluation des apprentissages en classe, théorie et pratique, Éditions Études Vivantes, Laval (Québec), 212 pages.

 

MELQ(2002). Programme de formation de l’école québécoise 

http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/programmeformation/index.asp?page=prescolaire

 

SAKHO, I. Notes de cours 4, Université du Québec à Montréal, 2019.

 

SCALLON, Gérard (2001). Pourquoi évaluer…Quelle question !, Vie pédagogique, Québec, 

 

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