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Réfléchir dans l'inconnu

Ce billet est étiqueté à la compétence onze.

En 2020, une pandémie mondiale a chamboulé la vie de tous les humains sur Terre. En tant que stagiaire à l'étranger, un de mes plus grands projets tomba à l'eau... 

 

Depuis ma première session à l'université, j'attendais impatiemment mon troisième stage qui allait se dérouler à l'étranger. À l'hiver 2020, j'ai quitté en direction d'Alicante en Espagne pour effectuer un stage d'une durée de quatre mois au lycée français international Pierre Deschamps. 

 

Toutefois, ce beau projet a été interrompu à cause de la pandémie du Coronavirus. À mon retour, j'ai dû faire un bilan réflexif dans le cadre de mon stage. Cette réflexion a été très bénéfique afin de tourner la page sur cette étape de ma vie. En effet, l'interruption de mon stage fut assez difficile pour moi. Le stage à l'étranger avait été pour moi une grande motivation à la poursuite de mon BAC dans mes deux premières années universitaires. Je mettais des efforts dans la réalisation de ce grand projet. J'avais fais des sacrifices pour amasser mon argent et j'avais renoncé à des opportunités pour ce stage. Une fois en Espagne, quand l'université m'a recommandé de revenir au Québec, j'étais fâchée, déçue, triste, chamboulée. 

 

Deux semaines après mon retour au Québec, j'ai écrit mon bilan réflexif (pièce jointe ci-dessous). J'ai beaucoup aimé écrire ce bilan, car j'ai réfléchi à des aspects auxquels je n'avais pas porté mon attention auparavant. Je dois avouer qu'écrire ce bilan m'a fait vivre beaucoup d'émotions que j'avais refoulé à l'intérieur. Pour moi, ce fut très libérateur. Après l'écriture de ce bilan, j'ai été en mesure de réellement tourné la page. 


Bilan de l’expérience vécue dans le cadre du stage hors Québec en contexte de pandémie (hiver 2020)

Nom

Dominique Caouette

Cours

DDM3511 Stage hors Québec : Synthèse et communication

Professeure

Emmanuelle Doré

Période

Hiver 2020

Date

27 avril 2020

Le cours DDM3511 vise à partager les expériences professionnelles vécues en milieu scolaire étranger sur divers plans pédagogiques et culturels et à en faire part à la communauté universitaire. Cette année, pour plusieurs étudiantes, le stage a été arrêté étant donné le contexte pandémique. Le présent bilan sert à faire un retour sur l’expérience vécue sur les plans personnel et professionnel, que le stage ait eu lieu ou non. Ce bilan servira à planifier une synthèse pour le groupe et les suivis à réaliser et il s’inscrit dans les activités d’évaluation du cours. Il devra être remis sur Moodle du cours DDM3510 (section DDM3511).

Consignes :

1.     Revisiter sa page Trello.

2.     Répondre à chacune des 10 questions par un paragraphe de 75 à 150 mots.

3.     Remise sur Moodle (section DDM3511) sans page titre.

Critères d’évaluation :

1. Pertinence des réponses et qualité de la réflexion (soutenir ses idées par des arguments, donner des exemples, aborder tous les concepts présents dans la question)

2. Respect des modalités de remise

3. Qualité de la langue

1.     En quelques mots, décris ton milieu de stage (pays, ville, nom de l’école, niveau, particularités de l’école).

Le 9 mars 2020, je mettais les pieds pour la première fois dans l’école où je pensais réaliser mon stage pour les mois suivants. Ce lycée s’appelle « Lycée français international d’Alicante Pierre Deschamps » dans la ville d’Alicante, dans le sud-est de l’Espagne. J’étais jumelé avec Farida Goury-Solomon dans une classe de CE1 (2e année du primaire). Ce lycée comprenait des classes de la maternelle (3 ans) jusqu’au terminal (18 ans). C’était très intéressant et différent de ce que je connaissais au Québec, puisque je pouvais voir de très jeunes enfants quittant la maternelle et de jeunes adultes quittant le lycée à la sortie de l’école. Même que parfois, je trouvais qu’il était difficile de faire la distinction avec moi, jeune stagiaire, et un étudiant de terminal de 18 ans lorsque nous attendions nos repas à la cafétéria. Mise à part cette particularité, le lycée était semblable à une école du Québec au niveau des classes et de l’équipe-école. 

2.     Quel a été l’impact de la situation pandémique sur le déroulement de ton stage?

J’ai eu la chance de vivre une semaine complète, du 9 mars au 13 mars, dans ma classe de stage. J’en suis très reconnaissante, car j’ai beaucoup appris, même dans ce court laps de temps. Toutefois, l’impact de la situation pandémique fut important sur le déroulement de mon stage. En effet, le 13 mars, la direction de l’école a envoyé un courriel à tout le personnel du lycée, les informant de la fermeture de l’établissement dès le lundi 15 mars. Malgré la poursuite des activités d’apprentissage de ma classe via un système interactif nommé «Beneylu School», la directrice du lycée a choisi d’interrompre le stage à la suite des recommandations de l’UQAM. Je suis donc rentré au Québec la semaine suivante. Du côté de mon enseignante associée et de ma classe de stage, ils poursuivent leurs apprentissages à distance grâce à la plateforme mentionnée plus haut. Farida envoie différentes activités via la plateforme et elle fait des appels avec les élèves quotidiennement. 

3.     Comment as-tu vécu ces événements? Quels sont les souvenirs les plus marquants?

D’abord, au courant de la semaine du 9 mars au 13 mars, c’était des montagnes russes d’émotions. Je vivais dans l’incertitude quotidienne quant au déroulement de mon stage. Les premiers jours, tout semblait normal. Tout a dégringolé à partir du mercredi 11 mars. Le personnel de l’école parlait uniquement du coronavirus. De mon côté, je me disais que peu importe ce qui se passait, je voulais rester à Alicante. Je croyais que l’enseignement à distance allait m’apporter énormément de connaissances nouvelles et j’étais prête à relever ce défi. Donc, c’est avec cet enthousiasme que je suis allée chez Farida le samedi 16 mars pour travailler toute la journée à la planification de l’enseignement à distance de la semaine suivante. Je me souviendrai toujours de cette journée. Il y avait une fébrilité dans l’air. Comme si nous vivions quelque chose de nouveau et de terrifiant à la fois. Après une grosse journée de travail, j’étais confiante pour la suite du stage. Toutefois, je suis vite tombé de mon nuage, lorsque je me suis réveillé le lendemain matin, avec une tonne de courriels de l’UQAM. Une heure plus tard, je recevais le courriel de la direction du lycée, choisissant d’interrompre mon stage. J’étais terriblement déçue, mais je n’y pouvais rien. C’était tout à fait hors de mon contrôle et je devais m’y faire à l’idée ; je rentrais au Québec. 

4.     Qu’as-tu appris sur toi-même à travers cette expérience?

Cette expérience m’a énormément appris sur moi-même. En effet, j’ai appris que j’avais beaucoup plus le sang-froid que je croyais. Tout le monde s’inquiétait (mes collègues du lycée, mes amis, mes proches), mais moi, je ne m’inquiétais pas. Je vivais au jour le jour. Je ne laissais pas la situation atteindre mon moral. J’étais positive. Je crois que c’est ce que j’ai appris le plus sur moi. J’ai un grand optimisme envers la vie. J’accepte qu’il y ait des choses dans la vie que l’on ne peut pas contrôler. Avec du recul, je suis agréablement surprise par ce trait de caractère chez moi. Avant de vivre cette expérience, je savais que j’étais une personne assez positive dans la vie, mais maintenant d’avoir été mise à l’épreuve, au point de voir un de mes rêves se briser devant moi sans pouvoir faire quoi que ce soit, de voir ma réaction par la suite, et bien je suis très fière de moi et de mon optimisme. 

5.     Quelles sont les principales leçons tirées de cette expérience

J’ai tiré deux leçons de cette expérience : dans la vie rien n’est acquis et dans la vie nous ne contrôlons pas tout. D’abord, pour la première leçon, je dis que rien n’est acquis, car même si pendant les trois dernières années, j’attendais avec impatience ce moment et que je misais pratiquement tout sur cela, ce ne s’est pas déroulé comme prévu. Malgré mes efforts, le destin de ce projet ne reposait pas entre mes mains. Il n’était pas acquis. Puis, pour ma deuxième leçon, j’ai appris que nous ne pouvons pas avoir le contrôle sur tous les aspects de notre vie. Certaines choses sont hors de notre pouvoir. Il faut apprendre à laisser les choses aller comme elles le sont et à se détacher de la situation. Il est inutile de mettre de l’énergie négative dans quelque chose où nous n’avons pas le contrôle. La situation de la pandémie, qui a affecté mon stage, est hors de mon contrôle, donc, inutile d’être fâchée, triste ou déçue éternellement. 

6.     Au retour, comment a évolué ta perception de la situation?

De retour, je n’ai pas vraiment repensé au stage ou comment cet « échec » me faisait sentir (jusqu’au moment d’écrire ce bilan). Ma perception de la situation générale a énormément évolué toutefois. J’ai réalisé que nous perdions tous quelque chose qui nous tenait à cœur. Les finissants en cinquième secondaire qui perdent leur fin d’année scolaire, le bal des finissants, le voyage de cohorte, etc. Les finissants de BAC qui doivent terminer leur étude « à distance » sans pouvoir célébrer avec leurs proches.        Les entrepreneurs qui ont tout misé sur leur restaurant, leur commerce, leur petite entreprise et qui frôlent la faillite. Les gens qui perdent un proche dû au virus. Nous perdons tous quelque chose qui nous tient à cœur. Une fois que j’ai réalisé ceci, j’ai appris à décentraliser le problème. Ma vision égoïste de la chose s’est transformée en quelque chose de plus large ; nous sommes tous dans le même bateau. Aucune situation n’est pire qu’une autre. Il suffit de voir ce que cette situation nous apporte d’un point de vue sociétal et personnel. 

7.     En revenant sur tes valeurs, comment ont-elles évolué depuis l’automne 2019?

À l’automne 2019, les valeurs que j’avais relevées dans mon Trello sont le bonheur, l’environnement, l’indépendance et l’ouverture d’esprit. Ces valeurs n’ont pas changé depuis, mais je crois qu’une de ces valeurs prend une signification beaucoup plus importante désormais. C’est la valeur de l’indépendance. Elle est particulièrement mise à l’épreuve pendant cette pandémie, car je passe la majorité de mon temps seul. Dans mon Trello, j’avais défini cette valeur comme étant : « être capable de se retrouver soi-même, de réfléchir, de se découvrir, de s'améliorer et de grandir. » Depuis que je suis revenue au Québec, j’accorde plus de temps aux moments de réflexion sur moi-même. De plus, je prends le temps de faire des choses pour moi. J’apprends à être bien avec moi-même. Je remarque donc que la valeur de l’indépendance est aussi une de mes forces.                       

8.     En pensant aux mois à venir, comment vois-tu ce qui t’attend?

J’ai énormément réfléchi aux mois à venir. Je crois que l’année d’université qui suivra (septembre 2020 à mai 2021) sera assez chargée, puisque je dois faire deux stages en l’espace d’une seule année scolaire. Toutefois, je suis motivée en vue de cette année scolaire, car je sais que ça passera très vite et qu’après j’aurai enfin terminé mon baccalauréat. De plus, je crois être chanceuse que l’université m’offre la possibilité de reprendre mon stage à l’automne et de ne pas allonger d’un an mon parcours scolaire. Donc, les mois à venir pour moi sont motivants. D’un côté mondial, je crois que les mois à venir sont remplis d’incertitude. Il est difficile de véritablement savoir comment les prochains mois se dérouleront, mais je souhaite que nous apprenions en tant que société sur cette pandémie mondiale. Je crois que cette pandémie apportera de grands changements sociétaux.                                

9.     Si le groupe souhaitait se réunir, quelles sont tes suggestions pour faire un bilan de cette expérience en groupe?

Je crois que pour faire un bilan de cette expérience en groupe, il serait intéressant de faire un cercle de discussion. Je me souviens qu’à la dernière conférence avec Joanie, nous avions mis les pupitres en cercle et cette formule avait favorisé la discussion. Avant de nous réunir, nous pourrions recevoir un courriel avec un plan contenant des points à aborder lors de la réunion. De cette façon, nous savons ce que nous voulons dire sur chaque point et nous pouvons ensuite mieux les partager au groupe. Les questions pourraient être identiques à celles du bilan, puisque je crois que les questions du bilan amènent une bonne réflexion globale de chacune de nos situations personnelles.                

10.  Partage tes réflexions sur un sujet de ton choix.

Le sujet de mon choix est le privilège que représente le confinement chez les populations occidentales. En effet, en étant confiné chez moi, dans le confort de ma maison, j’ai réalisé la grande chance que j’avais de vivre ce confinement ici, au Québec. J’ai la chance d’être logée, nourrie et même payée pour rester chez moi. Je suis reconnaissante de ma chance d’habiter dans une belle province comme le Québec. Toutefois, je ne peux m’empêcher de penser aux populations moins fortunées qui n’ont pas de toit pour se protéger du virus, ni même de nourriture ou les moyens de se permettre de ne pas travailler. J’ai écouté un documentaire poignant sur la situation en Inde. Le gouvernement demande à toute la population de se confiner à la maison, pourtant des milliers d’habitants n’ont pas de maison et encore moins de nourriture. Des enfants fouillent dans les ordures pour trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Ça me brise le cœur de penser que certains vivent actuellement un cauchemar, alors que moi je vis très bien, trop bien même, chez moi. Bref, je pourrais m’étendre longuement sur le sujet, mais je tenais simplement à dire qu’une des réalisations que j’ai faite est la chance que j’ai de vivre au Québec. 

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