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L'autonomie au préscolaire

Ce billet est étiqueté pour la compétence un, deux et dix.

Les enseignants du préscolaire ont tous le mandat de développer l'autonomie de leurs jeunes élèves afin d'éviter de se retrouver avec un enfant accroché à leurs pattes. Dans le cadre du cours DDD1100, organisation de l'environnement pédagogique au préscolaire, j'ai réalisé un travail concernant le développement de l'autonomie au préscolaire avec trois de mes collègues. 

 

Ce travail m'a permis de développer plusieurs compétences professionnelles. D'abord, la première compétence, Agir en tant que professionnelle ou professionnel héritier, critique et interprète d’objets de savoirs ou de culture dans l’exercice de ses fonctions (compétence 1), puisque nous avons réalisé une recherche scientifique sur un sujet touchant l'éducation. Ensuite, lors de la présentation de notre travail sous forme de kiosque, nous avons dû  communiquer clairement et correctement dans la langue d’enseignement, à l’oral et à l’écrit, dans les divers contextes liés à la profession enseignante (compétence 2). Finalement, le travail d'équipe nous a permis de développer la dixième compétence, soit travailler de concert avec les membres de l’équipe pédagogique à la réalisation des tâches permettant le développement et l’évaluation des compétences visées dans le programme de formation et ce, en fonction des élèves concernés (compétence 10), qui dans le cas de ce travail, mes collègues étudiantes. 

 

Nous avons appris qu'il est relativement facile de développer l'autonomie des enfants du préscolaire en autant que nous diversifions nos pratiques enseignantes. Je laisse ci-dessous des extraits de notre travail de recherche. 

 

La place de l’autonomie dans le programme du préscolaire

D’abord, avant d’effectuer nos recherches sur les pratiques enseignantes favorisant le développement de l’autonomie au préscolaire, nous avons jugé qu’il était essentiel de récolter des informations concernant notre thème dans les programmes du Ministère. L’autonomie occupe une place importante dans le Programme d’éducation préscolaire. Dans le programme de la maternelle quatre ans, on accorde déjà une grande importance au jeu dans le développement de l’autonomie : « En jouant, l’enfant apprend notamment à être autonome. Il fait des choix, prend des décisions, a des idées, fait des scénarios, se fait comprendre des autres, joue souvent le rôle de conciliateur ou de médiateur et trouve des solutions » (MEES, 2017, p.9 ). Du côté de la maternelle 5 ans, une composante de la deuxième compétence présente dans le Programme d’éducation préscolaire, soit «affirmer sa personnalité », mentionne l’importance de l’autonomie de l’enfant. Selon le programme, on suggère que l’enfant : « prend des initiatives, se fixe des buts, choisit des activités où il trouve du plaisir à apprendre et qui mettent son potentiel à profit » (Ministère de l’Éducation du Québec, 2001, p.56) afin de développer son autonomie. Offrir à l’enfant le choix de son matériel et des activités reliées à ses propres intérêts ou à son environnement, le responsabiliser en lui attribuant des tâches dans la classe sont des facteurs permettant le développement de l’autonomie présentés dans le programme. À la suite de la lecture du programme du préscolaire, nous sommes prêtes à approfondir nos recherches à partir d’autres sources d’informations afin de découvrir des pratiques enseignantes répondant aux attentes du Ministère présentes dans le programme. 

 

Développer l’autonomie par le jeu 

Par la suite, dans plusieurs de nos ouvrages de référence, il est soulevé que le jeu est un élément important du développement de l’autonomie chez l’enfant à la maternelle, autant à 4 ans qu’à 5 ans. Effectivement, « par le jeu et l’activité spontanée, l’enfant s’exprime, expérimente, construit ses connaissances, structure sa pensée et élabore sa vision du monde. Il apprend à être lui-même, à interagir avec les autres et à résoudre des problèmes » (MEES, 2017, p.52). Aussi banal que le jeu puisse paraître, il touche tout de même aux six compétences du Programme de formation de l’école québécoise de la maternelle. Selon le livre La maternelle de Jocelyne Morin (2007, p.150), le principe de jeu se sépare en quatre grandes catégories distinctes. On y retrouve, tout d’abord, le jeu d’exercice, où l’enfant répète la même action plusieurs fois afin de comprendre que le même geste entraîne la même conséquence, comme lorsqu’il saute à la corde à danser. Ensuite, on retrouve le jeu symbolique, soit de jouer à faire semblant. Cette catégorie de jeu aide, entre autre, aide à développer la communication chez l’enfant et à faire des liens avec la réalité. Un exemple de jeu pour cette catégorie pourrait être de faire semblant de faire à manger pour la famille. Par la suite, la troisième catégorie est le jeu de règle. Pour ce type de jeu, on pourrait considérer le jeu de société, car il comporte des règles auxquelles l’enfant doit obligatoirement se conformer. Puisqu’il y joue habituellement à plusieurs, cela travaille la coopération de l’enfant. Finalement, la quatrième catégorie est le jeu de construction, qui amène l’enfant à utiliser sa motricité globale, sa motricité fine ainsi que la coopération (Morin, 2007). Dans ce cas-ci, un bon exemple serait un enfant qui joue au « Légo » avec ses camarades. Chacune de ces catégories montrent effectivement des exemples où l’enfant joue tout en développant son autonomie puisqu’il est laissé à lui même. Il ne dépend de personne, prend ses propres décisions, sollicite son côté cognitif, nourrit son imaginaire, découvre par lui-même, prend des initiatives et échange avec les autres élèves dans une liberté sans risque toujours sous la surveillance de l’enseignant (Laloux, 2015). C’est donc en jouant que l’enfant de maternelle construit peu à peu son autonomie.

 

Développer l’autonomie par les ateliers

Ensuite, à la suite de nos lectures dans divers ouvrages, nous pouvons affirmer qu’une pratique enseignante visant le développement de l’autonomie chez les enfants de la maternelle est sans aucun doute le travail en ateliers. Lors du troisième cours de DDD1100, nous avons défini les ateliers comme étant des activités réalisables par l’enfant sans l’aide de l’enseignant. C’est aux travers des quatres phases de l’atelier que l’enfant développe son autonomie, mais surtout dans la phase de réalisation, car l’enseignante n’anime pas celle-ci. L’enfant est laissé à lui-même pour réaliser la tâche. De plus, il est bien important de varier les types d’ateliers proposés aux élèves afin de leur faire vivre différentes situations favorisant les comportements autonomes. Il existe trois types différents: l’atelier autonome, semi-dirigé et dirigé (Rosso, 2014). Au courant de l’année, l’enfant apprend le fonctionnement de ceux-ci. Au début, il peut être déstabilisé par le travail en ateliers. C’est pourquoi il est important de l’intégrer graduellement. L’enseignant peut passer de l’atelier autonome en début d’année à l’atelier dirigé en fin d’année. L’autonomie est développée lors du travail en atelier, car l’élève apprend à suivre des consignes précises, à se fixer des objectifs, à accomplir une tâche donnée, à avoir une limite de temps, etc. Aussi, la phase de réalisation est un moment opportun pour l’observation. L’enseignant peut circuler dans la classe et observer si les élèves sont capables de choisir une activité, s’ils s’orientent entre les différentes tables de travail, s’ils suivent les consignes expliquées au préalable et s’ils sont assidus à la tâche (Niederlaender, 2016). Ce sont ces comportements qui démontrent à l’enseignant si les élèves arrivent à développer leur autonomie grâce aux ateliers proposés par celui-ci. En bref, nous pouvons affirmer que les ateliers doivent faire partie des activités quotidiennes de la classe maternelle afin de développer l’autonomie des enfants.

 

L’organisation spatiale de la classe 

D’une part, l’aménagement de la classe joue un rôle essentiel au bon développement de l’autonomie des enfants du préscolaire. La classe doit être un endroit propice aux apprentissages de l’enfant, mais aussi qu’il lui permettra d’être autonome dans un maximum d’actions. En effet, il est important que l’espace-classe ait des repères clairs et simples pour que les enfants puissent se retrouver seuls dans la classe. Cet environnement dans lequel ils passeront une majorité de leur journée doit être aménagé selon 5 principes pour s’assurer du leur bien-être. Le troisième principe explique que dans la classe l’enseignant et l’enfant doivent pouvoir y exprimer leur personnalité tout en respectant chacun des individus et développer leur autonomie (Morin, 2007). L’organisation spatiale doit être divisée par aires distinctes qui sont associées à différentes fonctions, comme le lieu de groupement, celui des jeux et le coin des activités. L’enseignant peut aussi afficher une signalétique, comme un pictogramme, des codes de couleur, des photos, des fiches, les règles de la classe et des légendes pour qu’il soit plus simple pour eux de se repérer et ainsi encourager leur autonomie. Il est important aussi que la classe ait des espaces de rangement. L’enfant développe alors un automatisme de ranger les objets qu’il sort lorsqu’il joue, dessine, travaille, etc. De plus, la disposition du mobilier et du matériel doit être facilement accessible par ceux-ci pour qu’il puissent les utiliser par eux-même. Le coin lecture permet aux enfants de les initier à cette matière et de favoriser leur autonomie en leur offrant la possibilité de découvrir les livres par eux-même (Nathan, 2017). Également, les espaces jeux, notamment le coin « cuisine », sont particulièrement appréciés par les enfants, car ils en apprennent énormément puisque ils peuvent reproduire des gestes du quotidien, comme faire la cuisine. Voilà pourquoi il est important de mettre à la disposition des enfants du matériel de manipulation thématique pour chaque activité, par exemple des ustensiles et des ingrédients, comme Montessori le mentionne. Elle appelait cela le coin « vie pratique », car il représentait la réalité des enfants (Rosso, 2015). En bref, l’aménagement de classe doit viser avant tout le bien-être de l’enfant et son développement.

L’autonomie par la responsabilisation

Pour poursuivre, nous avons pu observer que l’une des meilleurs façons de susciter l’autonomie chez les élèves est de les responsabiliser. En effet, l’une des propositions de Lahire est d’opter pour un « pôle politique » (Rosso, 2001, p.11). Il propose d’établir les règles de la classe, en début d’année, tout le monde ensemble : enseignante et élèves. L’implication des élèves dans la création des lois communes participe à la responsabilisation des élèves et développe, par ce fait même, leur autonomie. Les élèves construisent leurs règles, il doivent donc automatiquement les respecter. Cette façon de responsabiliser les enfants leur permet de « participer à l’élaboration des règles de vie du groupe, de participer au processus de prise de décision et d’assumer des responsabilités » (MEES, 2017, p.8). Parmi tous les systèmes de responsabilisation trouvés lors de nos recherches, nous avons pu facilement repérer ce qu’ils ont tous (ou presques) en commun. La meilleure façon de responsabiliser les enfants est de simplement leur attribuer des responsabilités. Par exemple, un élève peut écrire la date au tableau, l’autre s’assure d’arroser les plantes, un autre nourrit l’animal de la classe, un élève peut s’assurer du bon rangement de la classe et ainsi de suite. En plus d’optimiser l’autonomie à travers la responsabilisation, les tâches permettent de valoriser certains élèves et de développer du potentiel chez les enfants. L’important est que chaque élève, dans une classe, ait sa propre mission. C’est par le biais de ces responsabilités que les enseigantes visent à développer chez les élèves un principe de responsabilisation et espèrent les rendre de plus en plus autonomes. De plus, les identifications des différents matériaux, endroits et règles de classes permettent à l’élève de bien connaître son environnement et, de ce fait même, être capable d’exécuter ses tâches de façon plus rapide, plus efficace et, bien sûr, plus autonome. 

 

En conclusion, l’autonomie détient une place importante au sein du parcours préscolaire des enfants, car cela leur permet de construire leur personnalité, de prendre des initiatives, d’essayer, de faire des choix et de résoudre des problèmes. Il est possible de la développer de plusieurs façons, comme par les jeux, la responsabilisation et les ateliers. De plus, l’aménagement de la classe doit permettre aux enfants de se retrouver et ainsi d’être autonome dans leur environnement. Bien entendu, l’autonomie de l’enfant dépend de l’intérêt que l’enseignant accorde à cet aspect, c’est-à-dire au niveau des interactions et du climat qu’elle installe dans sa classe. Il serait alors possible de développer l’importance de la relation entre l’enseignant et l’élève en ce qui concerne le sujet de l’autonomie dans un travail futur.   

 

Bibliographie

 

Circonscription de Moulins. (2010). Le jeu à la maternelle. France. Récupéré de : http://www.edu-project.eu/moulins1/IMG/pdf/LE_JEU.pdf 

 

Educatout. (2015). Donner des responsabilités aux enfants. Récupéré le 3 octobre 2018 de : https://www.educatout.com/outils/utilitaires-educatifs/apprentissages/donner-des-responsabilites-aux-enfants.htm 

 

Laloux, C. (2015). Livre de bord : Outils d'auto-évaluation pour les équipes. France : Académie de Lille. Récupéré de : http://pedagogie-62.ac-lille.fr/maternelle/livres-de-bord/construire-

lautonomie-des-eleves-outils/view 

 

Morin, J. (2007). La maternelle : Histoire, fondements, pratiques. Montréal : Chenelière éducation.

 

Ministère de l’Éducation. (2017). Programme de formation de l’école québécoise. Éducation préscolaire. Enseignement primaire. Québec : Gouvernement du Québec.

 

Nathan. (2017). Aménager sa classe. Récupéré le 4 octobre 2018 de : https://materiel-educatif.nathan.fr/dme/le-mag/amenager-sa-classe-en-maternelle-2017-03-16.html

 

Niederlaender, J. (2016) Définir et développer l'autonomie dans ma classe de maternelle : Un dispositif mis à l’épreuve. (Mémoire de maîtrise). Université de Lorraine. Récupéré de http://media.devenirenseignant.gouv.fr/file/Memoires_MEEF_2016/42/4/Lorraine_JulieNiederlaender_607424.pdf 

 

RÉCIT. (2017). Document de travail : L’organisation de la classe pour des enfants en action. Récupéré le 4 octobre 2018 de  http://recitpresco.qc.ca/sites/default/files/documents

/org-classe.pdf

 

Rosso, M. (2015). Dispositifs et matériels : Quels outils pour un pédagogie de l’autonomie à l’école maternelle? (Mémoire de maîtrise). Université Montpellier 2. Récupéré de : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01204623/document 

 

 

 

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